Pierre Christe

Pierre Christe, Docteur FMH en psychiatrie et psychothérapie d’enfants et d’adultes, est né en 1931. Installé à Delémont, il enseigne dans son domaine les premières classes étudiantes en logopédie clinique dans le cadre du Service Médico psychologique du Jura.

Suite à l’accident de son fils Philippe, l’immense investissement nécessaire à la prise en charge de la réhabilitation d’un jeune homme handicapé - ce qu’il fait avec Renée son épouse – lui fait constater l’absence, dans la région, de structures adéquates pour les traumatisés cranio – cérébraux. Inlassablement, il va s’ingénier à créer une institution pour accueillir ces malades ; c’est ainsi que, en 1999, le CENTRE RENCONTRES à Courfaivre (Jura, Suisse) voit le jour. Le centre est destiné aux personnes traumatisées cérébrales de toute la Suisse, en âge actif, après leur sortie des cliniques de réhabilitation.  Il est conçu pour accélérer le processus menant à la réintégration familiale, sociale et professionnelle.   Pierre Christe est vice-président de FRAGILE Suisse et président de l'Association jurassienne pour les traumatisés cranio-cérébraux. Il décède en 2019, laissant le souvenir d’un érudit, faisant face à l’adversité avec détermination et courage.

Voici deux textes de Pierre Christe qui donnent un reflet de ses préoccupations et de ses activités :

Le premier a été publié dans Fragile Suisse, en décembre 1995, et présente divers problèmes rencontrés chez les traumatisés crâniens.

Le second relate un exposé de Pierre Christe, en 1975, concernant la répétition dans le langage, notes de cours prises par Marie-Mad Christe.

 

Communiquer: Empathie et pensée critique

in Fragile Suisse, Langage, décembre 1995

 


Quand notre chien -(ou notre chat, mais de façon différente) -nous suit à la trace, pressentant les vacances prochaines, ou se cache au contraire, devinant que la balade promise se terminera chez le vétérinaire, nous nous demandons si l'animal ne dispose pas d'un sixième sens? Cette "clairvoyance" ne tient pourtant pas à une qualité sensorielle extraordinaire, mais à un mode d'appréhension globale du monde, caractéristique de l'empathie.

Cette appréhension particulière par nos animaux domestiques peut revêtir des formes multiples, nuancées, parfois révoltantes, souvent émouvantes. Ainsi tout handicapé, à la démarche hésitante, sait-il combien il convient de se méfier d'un chien, même le plus pacifique, qui gambade aux côtés de son maître. Sans raison apparente, l'animal pourra d'un trait se lancer sur celui qui boitille et l'intervention du patron consterné n'empêchera pas toujours le coup de dent. Quelle mouche a-t-elle piqué la bête? Et s'il s'agissait d'un sentiment proche de celui qui, à l'aube de l'humanité, fera de l'homme qui boite, l'image du diable? La question est posée.

Cette réaction première peut, par ailleurs, basculer dans son contraire: Philippe, 24 ans, a subi une très grave hémorragie cérébrale. Après 6 mois d'hospitalisation, il rentre pour la première fois chez ses parents, le temps d'un week-end. Le chien qui l'attend, frétille. On le repousse pour ne pas entraver la marche encore chancelante de son jeune maître. Dès que celui-ci est installé dans un fauteuil, le chien s'approche et se couche aux pieds de Philippe qui cherche à le caresser. S'appuyant sur sa main droite à l'accoudoir du fauteuil, il tend très lentement vers la tête du chien, sa main gauche, lourde, maladroite, encore fortement parétique. Le chien le regarde d'.abord de ses bons yeux, puis se met à grogner, retrousse ses babines et s'écarte du fauteuil.

Que se passe-t-il? Regard désemparé de Philippe, inquiétude des parents. Mais déjà le chien s'est rapproché et sans attendre se met à lécher et relécher les doigts gourds et gonflés de cette main encore inerte. Le chien a trouvé son rôle, à chaque visite de Philippe, il lèchera et relèchera cette main malade. Aujourd'hui, après plusieurs années, la main a retrouvé vie.

L'appréhension empathique du monde n'est pas le propre de l'animal; l'enfant en bas âge ne fonctionne pas différemment. Toutes les mamans du monde se demandent et continueront à se demander comment bébé a perçu qu'une sortie était prévue ce soir: il en profite, le vilain pour retenir son rot. . . ou exiger l'histoire la plus longue. Est-il nécessaire d'évoquer les diarrhées et autres fièvres compromettant une absence plus importante, ou les insomnies, énurésies et crises de rage réservées à la maman dès le tout début d'une grossesse..."alors qu'on n'avait encore rien dit du tout à ce petit!"?

Mais voici un exemple plus extraordinaire de réaction empathique chez un nourrisson: Angèle est restée hémiplégique après une rupture d'anévrysme à l'âge de 22 ans. Une convalescence de plus de 8 ans lui a permis de retrouver une autonomie satisfaisante. A 30 ans elle se marie et accouche sans problèmes d'un petit garçon. Pourtant après quelques jours elle se sent inquiète. Comment arrivera-t-elle à se débrouiller avec un bras paralysé pour soigner son bébé? Elle se confie aux nurses de la maternité qui la renvoient à l'ergothérapeute. "Prenez une aide, c'est la seule solution!" Angèle n'est pas satisfaite, et sans entreprendre aucune démarche, rentre chez elle, comptant sur l'aide de son père et de son mari.


Elle assiste alors au bain de son bébé et le voyant gigoter dès qu'on le trempe dans l'eau, son inquiétude grandit. Une semaine plus tard pourtant elle n'y tient plus; il faut qu'elle essaye de le baigner seule; il y va de son rôle de mère!. .. et c'est alors que le miracle s'accomplit. Le nourrisson, si vif avec les autres, reste parfaitement calme et détendu dans les bras de sa mère, qui lui donne son bain sans aucune difficulté. "Je n'en reviens encore pas"·, s'exclame le grand-père, "moi qui avec mes deux mains arrive à peine à le tenir!"

La civilisation occidentale, dévorée par une technicité omniprésente, s'est laissée submerger par une prolifération de signes, de messages et codes rigides, conventionnels, avec lesquels nous jonglons à l'infini dans un système abstrait, contraignant et mortifère. Les mots ont perdu leur sens poétique pour devenir univoques, ils sont devenus des objets rigides, des clés dont se repaissent les ordinateurs: la place est à celui qui les manie au mieux. La dimension émotionnelle, empathique, prophétique de l'être a cédé petit à petit sa place à une approche analytique, critique et dépersonnalisante, mais qui donne à l'occidental contemporain un sentiment artificiel de suffisance et de toute-puissance qui ne traduit que son angoisse existentielle profonde.

La personne qui a subi un traumatisme cérébral, ébranlée, disloquée dans sa personnalité reste, le plus souvent, incapable d'intégrer et de vivre simultanément une approche globalisante et empathique du monde et une démarche critique, analytique et disséquante des situations. Elle se ressent démunie, marginalisée, étrangère à un monde qui, de son côté la craint, la rejette, la méprise ou l'ignore dans la mesure où cet être différent représente par sa seule présence une menace à un équilibre fragile. Et pourtant la personne cérébrolésée, contrainte par la force des choses à retrouver dans le vécu immédiat son sentiment de vie, est à même de nous faire redécouvrir une approche du monde que nous avions occultée.

 

On dit d'Alphonse, 24 ans, qu'il est devenu depuis son accident survenu il y a cinq ans, agressif, instable, impulsif. Il l'est, c'est vrai. Mais que cache ce comportement? Brisé dans son être par ce terrible accident, Alphonse ne se ressent plus que comme "maison en ruines". "Je suis détruit. Ma vie est foutue." Sa place dans le monde étant définitivement compromise, doit-il pour autant supporter qu'on le lui fasse sentir? Circulant un jour avec son père en voiture, deux godelureaux en goguette brûlent une priorité. Accrochage. Dispute. Alphonse quitte son siège en boitant, fracasse le pare-brise de la voiture fautive et arrache une portière, avant que son père n'arrive à le maîtriser. Plus cocasse, son attitude à l'hôpital où il doit subir quelques examens. Le médecin qui ne l'a jamais vu, le tutoie spontanément. Du tac au tac: "Dis donc, toi, tu me connais?" D'où vient cette habitude curieuse qui nous pousse à une familiarité déplacée avec les handicapés ou les vieilles personnes? Ce tutoiement ne traduit-il pas au fond une certaine façon d'exclure les personnes cérébro-lésées du monde "actif'? Ce que ce jeune homme a perçu immédiatement.



Voici d'autres exemples où l'appréhension empathique de l'Umwelt par la personne cérébro-lésée revêt des formes plus différenciées: Georges, 30 ans, a été victime d'un très grave accident cérébro-vasculaire à l'âge de 24 ans. Après plusieurs années passées chez ses parents il a exprimé le désir de retrouver une certaine indépendance. Il fut donc placé en institution. Les choses ne s'y passent pas trop mal, d'autant que Georges rentre régulièrement à la maison et qu'il téléphone très souvent, parfois plusieurs fois par jour. Un week-end, où sa rentrée chez ses parents n'avait pas été prévue, tombe justement sur l'anniversaire de sa mère. Encore hésitant dans son orientation temporelle, Georges semble avoir oublié cette date et il n'en parle pas. La mère de son côté, fatiguée, voudrait profiter de ce jour pour se reposer et n'en parle pas non plus. Au dernier moment sa fille s'annonce avec sa famille et une petite fête a quand même lieu, en l'absence de Georges et sans qu'il en soit orienté. Deux jours plus tard, quand la mère arrive chez son fils à qui elle vient comme chaque semaine faire une visite, elle trouve sur sa machine à écrire le texte suivant, reproduit fidèlement:

"Qu'arrive-t'il à un homme tombé gravement malade? D'abord, sa sa famille s'occupe de lui, le maintient en vie, il est content, ravi même, ne croit pas ce qu'il lui arrive. Mais petit-à-petit la famille se détache, retourne à ses problèmes et à ses fêtes et ses soucis, l'oublie petit-à-petit. Le malade retourne à ses soucis et à ses fièvres. Le malade devient malade. Parfois, il choisit cette période pour mourrir et disparaît. La famille n'a même pas le temps pour souffler on ne lui laisse même pas le temps de souffler. Pour la famille c'est un sale coup qu'elle se doit d'accepter sans y laisser sa peau. C'est un cas plus fréquent qu'on ne le croit."

(Les fautes de frappe, les répétitions, la manutention maladroite de la machine n'échapperont pas au lecteur.)


C'est le même Georges, qui 5 ans auparavant, alors qu'il était encore somnolent, ralenti, absent la majeure partie de la journée, écrivait ces seuls mots à sa grand-mère de plus de 80 ans, hospitalisée pour un iléus: "Que peut-on dire?"

Lui encore, qui sortant d'une séance d'ergothérapie, épuisé, affalé dans son fauteuil roulant, la tête tombant en avant, incapable d'exprimer un seul mot, se redresse soudain devant un panneau d'affichage où des communications internes à la clinique étaient entrecoupées d'aphorismes et de citations, et pointant son index vers le texte ci-dessous hoche légèrement du chef avant de retomber dans une sorte d'assoupissement:

"Das Chaos will anerkannt, will gelebt sein, ehe es sich in eine neue Ordnung bringen lässt."

Hermann Hesse

La réintégration sociale et professionnelle de la personne cérébro-lésée reste un des problèmes majeurs de la prise en charge des personnes ayant subi un traumatisme cérébral, c'est même souvent une véritable gageure. Or notre conception et nos efforts en vue de cette réintégration se fondent sur l'idée que cette réintégration ne peut être qu'une "rééducation", c'est-à-dire un réapprentissage des signes, des codes, des méthodes qui nous avaient été inculquées de façon mécanique dès l'enfance. Si l'enfant, grâce à sa plasticité physiologique, supporte plus ou moins bien ce modelage, scolaire en particulier, qui pendant 10, 15 ou 20 ans va lui fournir les instruments censés lui permettre une certaine intégration socio-professionnelle, il en va différemment du traumatisé cérébral.

La personne cérébro-lésée n'est pas un enfant! Le martèlement scolaire, elle l'a déjà subi, et ce qu'elle a perdu, c'est justement la plasticité originaire. Nous ne prétendons nullement qu'un nouvel apprentissage soit impossible ou contre-indiqué chez la personne qui a subi un traumatisme cérébral, mais nous voudrions simplement rendre attentif au danger que représentent, pour ces personnes, des méthodes éducatives qui ne peuvent que les dévaloriser et les confronter à leurs difficultés spécifiques, c'est-à-dire à l'obligation d'isoler des mécanismes qu'ils n'arrivent que très difficilement à intégrer à leur globalité. Aussi estimons-nous que toute réintégration sociale et professionnelle devrait avant toute chose privilégier des activités créatives. Dans ce domaine la personne cérébro-lésée, avec son empathie, sa sensibilité, son appréhension particulière du monde, se retrouve de plain-pied avec l'artiste. Privées accidentellement des carapaces que notre civilisation nous impose, ces personnes sont à même de nous faire redécouvrir des dimensions de l'être que nous avions dangereusement oubliées. Il en va de même pour les problèmes du langage de la personne cérébro-lésée. Si personne ne conteste l'importance des mesures logopédiques, se fixer de façon rigide à la langue hautement codifiée qui caractérise nos échanges habituels avec d'autres personnes, c'est passer à côté de l'essentiel; c'est ne pas prendre le temps de comprendre un regard, un geste, une réaction vasomotrice; c'est fuir devant tout ce qui s'exprime dans l'être de façon empathique.

LA RÉPÉTITION : LAQUELLE ET POURQUOI ?

(Notes de cours prises en 1975 par Marie-Mad Christe)

 

-  Pour étudier et comprendre une parole libre, spontanée, il faut la transcrire pour l’analyser, c’est-à-dire : interpréter (traduire) dans la langue commune, la production du patient.

C’est aussi un jugement au nom d’une langue, qui permet les distinctions que la langue fait elle-même et l’analyse qu’elle fait d’elle-même grâce à l’écriture. Je ne peux analyser en parties dépendantes une langue (un tout) que de cette manière.

C’est un jugement analytique, perceptif, logique, saisissant la totalité.

Ceci revient à porter une appréciation de valeur sur la production effective par rapport à la production attendue.

Nous avons un jugement affectif global, esthétique, à la recherche de la déviance : dépistage de ce qui n’est pas correct, silence sur ce qui l’est. Dans un trouble du langage on ne relève pas le correct, on dit qu’il n’y a pas de difficultés à tel ou tel niveau ! (résultat d’une évaluation scolaire ou de test)

Dans la répétition, dénomination, on demande d’une façon générale, une production ou une réponse autre que celle de la vie concrète de l’existence. Notamment, on pose une question dont on connaît déjà la réponse. Si cette attitude se présente dans la vie concrète : faire répéter alors que l’on a déjà compris, ou poser une question dont la réponse est connue, c’est généralement dans une situation de malaise.

Dans les productions ‘obligées’, il n’y a rien à découvrir d’original puisqu’il faut donner une forme et un contenu connus.

On revient ici aux questions authentiques en opposition à celles qui ne le sont pas.

-  Le matériel des logopédistes repose et s’est basé pendant longtemps en grande partie sur celui établi pour les enfants sourds. Est-il vraiment encore adéquat pour des enfants qui ne le sont pas ?

-  L’esprit humain a tourné les difficultés en imaginant la procédure inverse. C’est-à-dire : au lieu d’analyser la parole de quelqu’un dans toute sa complexité, on analyse la production dans une situation ‘contrôlée’, la répétition et on s’appuie sur tout ce qui n’est pas le langage (les prérequis).

Dans ce cas, on élimine les phrases complètes, les ellipses…

D’autre part, les expressions telles que « le chat i court », « j’suis pas », etc… sont inadmissibles.

Le son doit être parfait et la phrase grammaticalement correcte (alors que ce n’est plus le cas aujourd’hui !)

D’où l’idée de de cette procédure de répétition pour atteindre cette perfection.

-  Si on fait répéter, ce n’est pas parce qu’on a des difficultés à analyser la production spontanée. On ne peut imaginer que l’on ne puisse parler spontanément si l’on ne s’exprime pas correctement. Il faut donc aider quelqu’un à bien s’exprimer, sans quoi il ne peut y arriver.

D’abord, prononcer correctement pour pouvoir parler. Si ce n’est pas le cas, il se peut qu’on qualifie la parole de ‘charabia’, et c’est inquiétant, car on sous-entend que l’enfant dit ‘n’importe quoi’. C’est justement quand il dit ‘n’importe quoi’ que ce qu’il dit est important.

Il faut donc être ouvert à ce ‘n’importe quoi’ pour entendre le sous-jacent, c’est essentiel.

-  La parole est imprévisible, unique et éphémère ; l’erreur majeure est d’oublier que la parole est un mouvement vivant pour ne considérer que son aboutissement dans des positions fixées (la langue). C’est bien à quoi mène inéluctablement la pensée logique mécaniste, que la parole ne peut être rien d’autre qu’un instrument anatomophysiologique.

-  La parole est irrépétible et si nous avons affaire à une phrase vraie, authentique, elle énonce un événement qui lui, est unique. Sa condition ne peut pas se répéter, elle répond au moment. La parole vivante est par excellence le mouvement de genèse de l’être, elle ne peut se résumer à une suite de mots étalés dans un temps chronologique de l’horloge. Il n’y a de décisif, d’important que l’irrépétible.

-  La langue est du domaine du répétable.

Le répétable, c’est ce qui se produit hors de toute situation (toute situation irrépétible). C’est en prenant un sens défini que la parole se sédimente dans les mots, qu’elle meurt, ce qui n’est accompli que dans l’écriture alphabétique. Place est ainsi faite à la notion du signe de la théorie linguistique moderne et du lien arbitraire entre son signifiant et son signifié : c’est alors seulement, que la langue peut y devenir l’objet d’une étude, totalement séparée de la parole.

-  Que faisons-nous lorsque nous faisons répéter dans les traitements ?

Nous sommes fatalement aspirés par la théorie explicite ou implicite qui nous impose que l’apprentissage est axé sur la répétition : il faut répéter pour apprendre et savoir. Sans le vouloir, nous sommes entrainés dans un mouvement mécanique où nous faisons de l’intentionnel un credo.

Et pourtant, notre ambition est louable et justifiée. Nous faisons répéter pour introduire l’irrépétible ! C’est-à-dire la phrase vraie, l’authentique.

C’est donc le chemin de cette contradiction, de cette ambiguïté, que nous suivons.


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