Pourquoi Axiane ?


AXIANE, L’ATELIER DE MARIE-MAD ET ROBERT CHRISTE est une fondation d’utilité publique sans but lucratif. Sous l’impulsion de ses trois fondateurs, Marie-Mad Christe, Robert Christe et André Lovis elle voit le jour en 1994 à Porrentruy, ville du Jura suisse. Les activités d’Axiane proposent depuis le début des ateliers, des séminaires, des concerts, des spectacles, des éditions qui tous témoignent de l’originalité du parcours professionnel de ses fondateurs.

En janvier 2015, au moment d’établir un texte de présentation de ce site, un ami de la fondation, ayant lui-même participé à plusieurs créations d’Axiane s’est entretenu avec les fondateurs sur ce qui a engendré leur démarche.


photographie de Robert Siegenthaler, Porrentruy, Suisse


- Question : Comment en êtes-vous venus à imaginer une fondation telle qu’Axiane ? Vos parcours professionnels, vous Marie-Mad de psychologue-logopédiste, et vous Robert de psychiatre, ne vous conduisaient pas a priori vers une telle entreprise.

- Marie-Mad Christe : Toute notre démarche pendant trente ans a abouti à la création de cette fondation. Notre travail de cliniciens nous a éveillés à de nombreux horizons et c’est avec ce regard particulier que le chemin d’Axiane s’est dessiné. Ce cheminement a commencé par la publication de La parole troublée, s’est étendu au problème des traumatisés cranio-cérébraux avec la brochure d’un spectacle :

et s’est exprimé dans un concert avec la plainte “Helft mir klagen”/ “Aidez-moi à plaindre” de la Passion selon St Matthieu de Jean-Sébastien Bach.

- Robert Christe : Les activités d’Axiane ne sont pas jetées au hasard d’une fantaisie, mais cherchent à se former dans une ligne de pensée vivante intégrant, au gré des expériences faites lors des ateliers, des moments particuliers de crise et de créativité de l’Occident. Notre objectif premier était d’offrir à nos patients de participer à une création artistique, de leur donner la possibilité de s’extraire de leur cadre habituel, de les placer en dehors de la relation patient-thérapeute,de leur permettre d’accéder à un milieu où ils seraient au contact de personnes ne connaissant pas leur parcours.

- Question. Au cours des ateliers la différence ne se marque pas entre ces patients dont vous vous êtes occupés et les artistes, amateurs ou professionnels. Car l’originalité de ces ateliers d’Axiane est bien ce mélange entre ces trois univers ; ce mélange inhabituel se fait sans que jamais quelqu’un ait à dire d’où il vient, qui il est, ce qu’il sait faire, pourquoi il est là... La seule chose qui importe est que chacun participe à une création artistique en apportant son savoir, sa sensibilité, en mettant en jeu ses compétences si modestes soient-elles : pour confectionner costumes ou accessoires, s’occuper de l’intendance, du maquillage, installer les décors, les lumières, préparer les boissons pour les pauses, jouer, chanter, dire, etc... Voilà ce qui frappe quand on vient la première fois à ces ateliers, cette considération de chacun à l’égard d’autrui.C’est ainsi que s’est fait pour vous deux le passage de la pratique thérapeutique vers la pratique artistique.

- MMC. Il nous est très vite apparu que les créations musicales conviennent plus particulièrement à notre démarche. La danse demande une activité physique soutenue, les arts plastiques offrent moins d’opportunités pour un travail de groupe ; la musique, le chant notamment, sont plus adéquats pour nos ateliers où chaque individu doit pouvoir travailler au sein du groupe mais sans pour autant perdre son individualité. Nos métiers, qui nous ont appris à écouter, à entendre la plainte ou la souffrance du patient, nous ont conduits naturellement à aller plus loin dans ce qu’est l’écoute de la musique, à comprendre comment on pouvait écouter.

- Question. D’où ces concerts, ces spectacles un peu hors normes, ce caractère expérimental, cette démarcation par rapport aux pratiques artistiques habituelles, parce que précisément cela ne procède pas du milieu artistique mais de votre univers, de vos personnalités, de vos expériences. Les artistes viennent ici à Porrentruy car ils savent que l’on va travailler autrement,avec une liberté, une autonomie plus grandes, alliées à une forte exigence artistique.

- RC. Nous souhaitons dans ces ateliers associer deux approches de la musique, celle des musiciens professionnels ou amateurs, et celle de ceux qui, n’ayant pas reçu d’éducation préalable, ont une approche plus originelle, native, de la musique. Cela nous permet de revenir aux formes élémentaires de l’expression humaine, c’est-à-dire le souffle, la voix, le chant.

- MMC. Le chant médiéval a cappella est ici totalement approprié. C’est ainsi que nous avons fait la connaissance d’Anne-Marie Deschamps et des chanteurs de son ensemble Venance Fortunat.

- Question. Et justement Robert a découvert, en janvier 1998, à la bibliothèque cantonale de Porrentruy, le manuscrit Ms18, dit Graduel de Bellelay, important recueil de pièces liturgiques,méconnu, n’ayant fait l’objet d’aucune étude musicologique.

- RC. : Anne-Marie Deschamps s’est attelée, avec sa sensibilité d’artiste, à ce travail musicologique qui s’est concrétisé par une série de concerts et d’enregistrements. Le site d’Axiane peut ainsi offrir au public une édition en ligne de tout le manuscrit, avec des interprétations audio et vidéo, des traductions, des transcriptions et des commentaires.

- Question. Mais Axiane ne s’est pas focalisée uniquement sur l’interprétation de la musique médiévale, vous avez aussi conduit des ateliers chorégraphiques, fait de larges incursions dans la musique baroque, comme toute l’oeuvre pour orgue de Bach. Mais pourquoi aller jusqu’à donner et enregistrer des représentations du Don Giovanni de Mozart ?

- RC. En effet pourquoi ? Ce personnage de Don Giovanni, dissolu et en dissolution, évoque des liens immédiats avec la dépression existentielle, l’hyper-activité, la dérision, le burlesque, une débauche de sensations, expressions typiques d’un échec de l’existence (voir le livret et les videos de Don Giovanni).

- Question. Ce qui se retrouve de façon constante dans tous vos ateliers, c’est cette volonté d’affirmer une liberté d’entreprendre, de ne pas s’en remettre à des catégories, des schémas, d’outrepasser les codes pour vous appuyer sur ce qu’offrent les individualités des participants.

- RC. : C’est en cela que le travail du philosophe Henri Maldiney a été fondamental pour nous. La phénoménologie nous a appris à ne pas avoir un seul point de vue, une seule réponse par rapport aux êtres et aux choses. Il en découle que nous avons voulu que figure sur ce site une partie de l’oeuvre de Maldiney. En particulier celle qui nous interroge sur la dimension esthétique de l’existence, l’ouvert et la rencontre.

- MMC. Le site d’Axiane est le fruit de vingt ans d’expériences riches de moments inattendus,de surprises, de rencontres, d’émotions artistiques et humaines. Il reflète le besoin pour nous de présenter ces activités hors normes et qui, néanmoins, forment un tout.

 

 

Nina, qui a assisté aux répétions générales de Don Giovanni

Nina, qui a assisté aux répétions générales de Don Giovanni

Commentaire d’un enfant de première primaire après une séance de Don Giovanni organisée spécialement pour les élèves de sa classe : “Leporello qui chantait bien et qui nous a donné des explications”

Commentaire d’un enfant de première primaire après une séance de Don Giovanni organisée spécialement pour les élèves de sa classe : “Leporello qui chantait bien et qui nous a donné des explications”


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