Chant des voûtes cisterciennes - L'Atelier d'Axiane, Marie-Madeleine et Robert Christe, CH 2900 Porrentruy, Suisse

Chant des voûtes cisterciennes

Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153) n’a jamais écrit sur l’architecture, néanmoins l’architecture cistercienne est encore pour nous un vivant symbole de beauté. Elle est née de sa pensée, de sa foi, de sa rigueur, imprimées par des architectes dans la pierre.

Tout au long du siècle de saint Bernard, l’Europe s’est couverte d’abbayes et de prieurés cisterciens, bâtis en grand appareil de pierres carrées avec des voûtes à l’image de "l’arc du ciel" (Abélard), capables d’entrer en sympathie intime avec la voûte palatale du chanteur. La pierre nue ainsi traitée, a la capacité de faire sortir les harmoniques de la voix, ce qui l’exalte et donne à l’auditeur un environnement sonore qui est encore sujet à réflexion aussi bien pour les acousticiens que pour les architectes et les médecins.

Saint Bernard a beaucoup écrit sur l’importance de l’audition, et l’on aurait pu attendre des cisterciens une création musicale de même ampleur que la création architecturale. Mais les réformes de la musique liturgique cistercienne ont été inspirées par un désir de retour à des sources qui, alors, étaient mal connues. Aussi, basées sur des principes plus "idéologiques" que proprement musicaux, ces réformes sont-elles restées enfermées dans les murs des abbayes cisterciennes, sans grande influence sur le développement de la musique, en pleine évolution à cette époque.

Fort heureusement, autour de Bernard de Clairvaux, une vie musicale intense a été peu ou prou influencée par ses écrits, ses énergies et ses impulsions - œuvres d’admirateurs ou œuvres de détracteurs – en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, en Italie, comme en France. Au chantre de Notre Dame, de l’aide angélique, de l’amour de la lumière répondent un peu partout en Europe des musiciens, souvent liturges, dont l’étonnante création musicale demandait à être réanimée ou "inventée".